Poisson

Jean-Jacques Rousseau aux Charmettes

14 mars 2019

Sophie Extier

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Souvent présenté comme un des pères de la Révolution Française, le philosophe et écrivain Jean-Jacques Rousseau a vécu plusieurs années aux Charmettes, sur les hauteurs de Chambéry. Il décrira son séjour dans ce lieu comme « le court bonheur de sa vie ».

 

Né dans une famille protestante à Genève en 1712, Jean-Jacques Rousseau s’est converti au catholicisme sous l’influence de Madame de Warens. Cette dernière, issue de la noblesse suisse, est engagée par le prince de Savoie pour propager la foi catholique dans la région. C’est à Annecy en 1728 que Jean-Jacques Rousseau, à peine âgé de 16 ans, rencontre celle qui est chargée de le convertir, Madame de Warens. Elle deviendra vite sa protectrice et marquera à jamais la vie du jeune homme en assurant son éducation spirituelle et sentimentale. Il l’appelle « Maman », elle l’appelle « Petit ».
A partir de 1731, ils habitent ensemble à Chambéry, mais quatre ans plus tard, Jean-Jacques Rousseau étant souffrant, le couple se met en quête d’un logement moins insalubre que la maison qu’ils occupent en centre ville. Leur attirance pour le contact avec la nature oriente les recherches des deux amants vers une retraite à la campagne.« Après avoir cherché, nous nous fixâmes aux Charmettes, une terre de Monsieur de Conzié à la porte de Chambéry, mais retirée et solitaire comme si l’on était à cent lieues.

“Entre deux coteaux assez élevés est un petit vallon au fond duquel coule une rigole entre des cailloux et des arbres. Le long de ce vallon à mi-côte sont quelques maisons éparses fort agréables pour quiconque aime un asile un peu sauvage et retiré.” écrira-t-il dans Les Confessions. « Ici commence le court bonheur de ma vie ; ici viennent les paisibles mais rapides moments qui m’ont donné le droit de dire que j’ai vécu. » « Je me levais avec le soleil, et j’étais heureux ; je me promenais, et j’étais heureux ; je voyais maman, et j’étais heureux ; je la quittais, et j’étais heureux ; je parcourais les bois, les coteaux, j’errais dans les vallons, je lisais, j’étais oisif, je travaillais au jardin, je cueillais les fruits, j’aidais au ménage, et le bonheur me suivait partout : il n’était dans aucune chose assignable, il était tout en moi-même, il ne pouvait me quitter un seul instant… ».

En lui consacrant des pages capitales de ses Confessions (livres V et VI)Jean-Jacques Rousseau fit entrer cette maison dans la légende littéraire. Sa période aux Charmettes a été pour l’auteur des années de plaisirs simples et de temps où il a pu s’adonner à ses passions pour la lecture, la musique, le botanique et la conversation. Grand marcheur, il décrit le bonheur d’être dans la nature, le plaisir lié à la flânerie et la rêverie. Dans ce lieu où il se décrit comme « libre », il a constitué la base indispensable à son œuvre, la phase d’enseignement pure et essentielle qui donnera ensuite lieu à la critique et donc à l’écriture. C’est dans ce havre charmant et retiré que Jean-Jacques Rousseau, suivant sa propre méthode de travail et fréquentant l’imposante bibliothèque de près de deux mille cinq cent volumes, créera son « magasin d’idées », origine de sa formation intellectuelle. Celle-ci se révélera quelques années plus tard aux yeux du monde à travers des oeuvres comme l’Emile, le Contrat Social, ses Confessions ou encore son Discours sur l’origine et les fondements de l’inégalité parmi les hommes.

 

Un lieu de pèlerinage philosophique et républicain

En faisant l’éloge des Charmettes dans son texte autobiographique Les Confessions ou dans les Rêveries du promeneur solitaireJean-Jacques Rousseau suscite l’intérêt des lecteurs pour ce lieu. Intellectuels, artistes et anonymes veulent voir de leurs propres yeux et ressentir l’atmosphère de l’endroit qu’il a si bien décrit.

A partir de l’époque révolutionnaire, cette résidence prend valeur de symbole et devient le lieu de pèlerinage de toutes les célébrités littéraires et politiques : Stendhal, George Sand, Alphonse de Lamartine et tous les grands écrivains romantiques relatent avec émotion leur visite aux Charmettes.

Aujourd’hui encore, des visiteurs du monde entier viennent ici pour s’imprégner de l’esprit des lieux. Faisant face à la montagne du Nivolet, le verger, la vigne et le jardin rappellent la cadre dans lequel le jeune Rousseau aimait marcher et dans lequel il a puisé son inspiration. En 1905, la maison est classée au titre des monument historiques et devient la propriété de la ville de Chambéry qui en fera un musée. Maison du souvenir littéraire, elle permet d’apprécier un des cadres privilégiés dans lesquels s’est formée la personnalité de Jean-Jacques Rousseau et où plane encore son ombre. Les deux pièces du rez-de-chaussée, salle à manger et salon de musique, sont décorées de peintures en trompe-l’oeil à la mode italienne. Un large escalier conduit à l’oratoire et aux chambres respectives de Jean-Jacques Rousseau et de Madame de Warens. Les fenêtres s’ouvrent sur un cadre naturel largement préservé qui contribue à donner à ces lieux leur charme évocateur.

C’est aux Charmettes que Jean-Jacques Rousseau dit avoir découvert la botanique et son amour de la nature. Les lieux (le jardin contigu au musée, le verger et les vignes) ont été réaménagés dans l’esprit du 18ème siècle. Plus de 80 espèces de plantes médicinales, condimentaires ou potagères connues ou oubliées ont été plantées dans le jardin à la française, des variétés anciennes de poiriers, de pommiers, de cerisiers réintroduites dans le verger en contrebas et 100 m² de vigne ancienne savoyarde reconstitués sur le coteau au-dessus de la maison.

L’été, en soirée, les visiteurs peuvent assister à des spectacles en plein air. Le jardin botanique et le sentier pédestre les invitent à suivre les traces du promeneur solitaire.

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