Poisson

Le lac couronné de succès

13 août 2019

Cloé Louveton

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Ville phare de la Belle Epoque, Aix-les-Bains était un haut lieu de villégiature pour les têtes couronnées, l’aristocratie européenne et les familles fortunées qui venaient non seulement « prendre les eaux » mais également participer aux mondanités incontournables de la cité thermale dont la renommée était alors internationale.

 

La Reine Victoria donne ses lettres de noblesse à la cité thermale.

La princesse Alexandrina Victoria monte sur le trône du Royaume-Uni de Grande- Bretagne et d’Irlande à l’âge de 18 ans. A l’époque elle n’imagine probablement pas que son règne durera 63 ans et qu’il sera le second plus long de toute l’histoire du Royaume-Uni (après celui d’Élisabeth II).

De son union avec le prince Albert naitront neuf enfants qui épousent à leur tour des membres de familles royales européennes, ce qui valut à Victoria le surnom de « grand-mère de l’Europe. » Son règne, connu sous le nom « d’époque victorienne », marque l’apogée de la révolution industrielle et une expansion rapide de l’Empire britannique.

La Reine Victoria séjournera à trois reprises à Aix-les-Bains (en 1885, 1887 et 1890) et son passage marquera durablement la ville car à l’époque elle est ni plus, ni moins que le chef d’état le plus puissant du monde. Pourtant, avec son austérité légendaire, elle n’avait pas vraiment le profil du visiteur de cette station à la réputation frivole voire sulfureuse.

Le rôle de la princesse Béatrice, le dernier enfant de la reine, sera déterminant. En effet, à 
 25 ans, la jeune Béatrice souffre déjà de rhumatismes très douloureux qui l’empêchent d’écrire ou de jouer du piano. En 1883, son médecin lui prescrit une cure de 3 semaines à Aix les Bains. Les résultats sont tout à fait concluants et les douleurs s’estompent pour quelque temps après ce premier séjour.
La jeune femme, tombée sous le charme de la ville et de ses environs, en fera l’éloge auprès de sa mère et l’incitera à venir en villégiature dans ce cadre idyllique. Deux ans plus tard, la princesse revient pour un second traitement, accompagnée de sa mère, la Reine Victoria. Celle-ci est immédiatement séduite par le paysage savoyard qui lui rappelle celui du Loch Lomond, le plus grand lac d’Ecosse qu’elle apprécie tout particulièrement.

En quête de calme et de tranquillité, la reine souhaite éviter les lourdeurs du protocole et choisit de voyager quasi incognito sous le pseudonyme « Comtesse de Balmoral ». Elle se déplace néanmoins accompagnée de sa cour officielle composée de ses demoiselles et dames d’honneur, de femmes de chambre et de soubrettes, de chefs de cuisine et de marmitons, d’écuyers, de valets d’écurie et de laquais. Pas moins de 60 personnes s’installent avec elle et Béatrice dans la maison Mottet, annexe de l’hôtel de l’Europe. L’endroit, vaste et luxueux, est situé en centre ville au coeur d’un parc verdoyant et bénéficie d’une vue imprenable sur les montagnes environnantes. Pour les aixois, la maison Mottet devient rapidement la « Villa Victoria ».

Enthousiasmée par la beauté des sites alentours, Victoria raffole des promenades en plein air. Elle remplit ses carnets de croquis et d’aquarelles représentant les montagnes et la végétation alpine. Elle peint la baie de Grésine, le panorama depuis le col du Chat ou la colline de Tresserve qu’elle affectionne particulièrement.

Mais la visite la plus extraordinaire est celle qu’elle fera avec sa fille Béatrice au monastère de la Grande Chartreuse après avoir obtenu du pape en personne l’autorisation de pénétrer dans ce site religieux, strictement interdit aux visiteurs, d’autant plus si ce sont des femmes n’appartenant pas à l’église catholique !

L’empreinte de la Reine Victoria et de la communauté britannique restent, aujourd’hui encore, très présentes sur la ville d’Aix-les-Bains. Sur le modèle anglais, la ville devient « sportive » et de nombreux équipements de haut niveau sont créés comme l’hippodrome ou le golf de Marlioz.

 

Les incontournables, les curiosités, lieux insolites :

La trilogie Splendide-Royal- Excelsior

Les palaces grimpent progressivement sur les hauteurs, à l’assaut des coteaux, pour offrir à leurs clients le bon air, la verdure et la vue sur le lac. Aujourd’hui encore le Bernascon, le Splendide, l’Excelsior, le Royal et le Panoramic ponctuent le paysage urbain de leur architecture majestueuse. Leur position haute accentue leur présence et rend encore plus lisible les grandes lettres qui inscrivent leur nom dans le ciel. Ces édifices rivalisent dans la qualité des constructions et, plus encore, dans la décoration intérieure, où dominent l’éclectisme et l’art nouveau emblématiques de la ville.

Le premier construit sur les coteaux est l’Hôtel Splendide en 1884. Son architecture se veut éclectique, associant plusieurs styles pourvu qu’une harmonie s’en dégage. Devant l’édifice, un grand parc bien exposé permet de se promener en admirant la vue sur le lac et les montagnes. Le premier étage est réservé aux hôtes. Les chambres perdent en prestige au fur et à mesure que l’on s’élève dans les étages. Au rez-de-chaussée se trouvent les espaces réservés à l’accueil, les grands halls permettant les rencontres, les salons, salles à manger, salles de jeu et l’accès aux terrasses et aux jardins. Les voitures peuvent déposer leurs clients devant l’entrée avant d’être mises à l’abri dans de grands garages disposant d’un personnel d’entretien. Les publicités de l’époque vantent les équipements luxueux proposés : « Ascenseur, téléphone, eau chaude, électricité, chauffage central, ventilation, salles de bains, baignoire, etc…»

En 1906, l’hôtel a beaucoup de succès, il faut donc agrandir. Gaudens-Antoine Rossignoli fait édifier un second palace, l’Excelsior, en le reliant au Splendide par une passerelle. Une fois de plus, la décoration s’est mise au service du luxe et du bien-être. Rossignoli meurt en 1908 mais son fils Louis continue son oeuvre en adjoignant un troisième palace au nord des deux premiers. Il s’agit de l’Hôtel Royal construit en 1914 en béton armé. Sa façade est colossale. L’intérieur, dans une harmonie de bleu et blanc que renvoient de nombreux miroirs, mêle librement les styles. Le salon comporte un plafond à médaillons orné d’une coupole tronquée en verre polychrome. Un fontaine orne l’un des murs et de grandes portes vitrées ouvrent sur les terrasses.

Ces trois hôtels sont devenus des résidences en copropriété à partir de 1957. Les halls et certains salons ont pu être conservés en l’état mais plus aucune fête ne résonne dans ces murs.

La nouvelle vie des palaces

Après la 2e guerre mondiale, la clientèle prestigieuse de la station aixoise se tourne vers le sud de la France. En même temps, la création de la sécurité sociale permet à de nombreux assurés de bénéficier de cures thermales : ces nouveaux visiteurs se pressent en masse et renouvellent la clientèle des Thermes. Logés dans des meublés ou dans des hôtels plus modestes, ils délaissent les palaces qui ferment progressivement et sont transformés en appartements.

Les palaces, classés ou inscrits en partie aux Monuments historiques, demeurent aujourd’hui un élément clé du paysage aixois et leurs espaces collectifs sont ouverts aux visiteurs. Au cœur du développement de la cité moderne, leur empreinte architecturale demeure forte sur le paysage de la ville.

 

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