Château des Ducs de Chambéry

Des tours reliées par des corps de bâtiment ou courtines, bâties à l’extrémité de la butte du Montjay. Si l’architecture du château de Chambéry est déjà remarquable, sa vaste cour intérieure est à l’image de l’histoire dont elle a été le témoin : assez large pour accueillir ce qui est considéré comme la plus longue des dynasties européennes : la Maison de Savoie.

Cette histoire débute au bas Moyen-Age, en plein XIIIème siècle. Le château n’est alors qu’une simple tour de guet, propriété d’un Seigneur de la Rochette criblé de dettes. Un comte venu de Maurienne, Amédée V, issu de la lignée féconde de Thomas 1er, le rachète en 1298. Parmi ses domaines, on peut énumérer les châteaux de Ripaille aux portes d’Annecy, et celui de Thomas II au Bourget du Lac. Sous l’impulsion d’Amédée V, Chambéry devient la capitale des Etats de Savoie qui englobent une partie de la Suisse Romande et le Piémont. Les comtes de Maurienne devenant comtes de Savoie, le Château de Chambéry leur sert de résidence principale. Des ​aménagements sont entrepris par ​Amédée V ​en vue d’accueillir l’administration : ​le château sert par exemple de chambre des comptes pour le ramassage de l’impôt.

En 1416, la dynastie connaît son apogée : la Savoie devient duché et Amédée VIII en est le 1er Duc. A cette occasion, il fait servir au ​château de Chambéry un repas resté fameux, en l’honneur de l’empereur ​Sigismond : un gâteau figurant ses états. A l’origine du « ​gâteau de Savoie ? La maison de Savoie brille alors de toute la puissance des ses alliances avec les plus grandes maisons européennes : du Nord (Gant, Bruges, Flandres), de l’Est (Allemagne) et du Sud (Piémont, Nice).

En 1563, après l’occupation française de François Ier, le prince Emmanuel Philibert décide de transférer la capitale à Turin. La dynastie emmène avec elle ses richesses, ne laissant à la demeure Chambérienne qu’un rôle administratif. De l’autre côté des Alpes, nos princes deviennent rois de Piémont Sicile en 1713, puis de Piémont Sardaigne en 1718.

La Savoie est ensuite occupé par les Espagnols entre 1743 et 1753. Le premier des fils du Roi d’Espagne, amoureux des arts, fait construire au château un théâtre. Durant cette période, une grande partie des courtines et des appartements royaux sont aussi détruits par un incendie.

Sous l’occupation Française post-révolutionnaire qui dure jusqu’en 1815, le château est affecté en 1802 à la préfecture et au ​Conseil général du ​département du Mont-Blanc​. Restitué au Royaume de Sardaigne en 1816, il abrite de nouveau son administration jusqu’en 1860 où les états de Savoie et de Nice sont définitivement rattachés à la France par le traité de Turin, après avoir été envisagés comme une monnaie d’échange à l’aide militaire demandée à Napoléon III face à la menace autrichienne.

Ce changement radical de nationalité assoit le Château des Ducs de Chambéry dans la fonction qu’il joue encore aujourd’hui, centralisant en ses murs la préfecture, le conseil départemental et l’Académie de Savoie. Témoin des fastes princiers du passé, sa vaste cour centrale a continué de voir circuler en son sein les silhouettes de personnalités de notre temps comme Pantaléon Costa de Beauregard, Jean Moulin ou encore le Général De Gaulle.

Fabien Guichardan